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Tic-tac mécanique
12 octobre 2009

Another little white lie

Ça brule. Oui, ça brule tout le long de l’œsophage même. Une brulure au goût sucré, le genre de sucre qui retourne l’estomac et l’esprit en un temps record ; le tout, c’est que l’esprit réussisse à dompter l’estomac. Être malade ça fait très mauvais genre. Surtout devant lui, le type inaccessible, mais qui l’est de moins en moins alors que la bouteille se vide de plus en plus. Après tout, elle devait être minuscule, cette bouteille : je n’en suis qu’à six verres. Enfin, la dernière fois que j’ai compté, j’en étais là. De toute façon, boire au goulot, c’est plus pratique. Cette chaleur est agréable, très agréable, c’est un véritable piège auquel on se prend volontiers ; dans lequel on se jette même, et avec élan. J’ai l’esprit réchauffé et les épaules fraîches, mes yeux brillent autant que la lampe du salon. Je ne ressemble à rien, et pour être honnête, je m’en fiche, car je n’y pense même pas quand il s’approche pour me parler. Je ne comprends pas grand-chose à ce qu’il raconte d’ailleurs, mais j’ai un sourire jusqu’aux oreilles, et le regard pétillant ; je bois ses paroles comme je bois à la bouteille, et ça lui plaît beaucoup. Il aime se sentir important, il aime que j’occulte le reste de la pièce quand il me sourit et me prête sa veste, il aime que je le suive quand il prétend avoir envie de fumer pour m’emmener dehors, il aime que je me laisse faire quand il me prend par la main alors que je suis face à lui, dos au mur. Un homme qui a besoin de coincer l’élue de son cœur contre un mur pour être certain qu’elle ne recule pas est un homme raté. J’aime les loosers. Ma conscience me dit « Pars ! », mais la bouteille rétorque « Encore cinq minutes … ». Les cinq minutes de trop. Celles pendant lesquelles ses lèvres rencontrent les miennes, chose à laquelle j’ai pensé bien souvent depuis que je l’ai rencontré. Je n’ai pas le droit de lui rendre son baiser, mais la bouteille me promet qu’elle ne dira rien à personne. Il n’a pas le droit de me plaquer contre le mur, mais il a laissé sa conscience chez lui, à presque mille kilomètres de là, bien au chaud ; je me demande même s’il ne l’a pas confiée à sa copine, et si celle-ci n’a pas été assez naïve pour l’accepter de bonne grâce, voire comme un cadeau. Ce mec est un salaud, un salaud qui me donne des frissons que je ne devrais même pas imaginer, un salaud avec lequel j’échange ma salive, un soir d’été dans un jardin, au coin de la maison bruyante, emplie de jeunes gens ivres. J’ai bu pour oublier, et je me retrouve à m’oublier dans les bras de l’amoureux d’une autre. D’ailleurs j’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop. Non, pas d’inquiétude, elle ne m’en voudra pas, nous sommes trop proches. C’est aussi ça l’amitié après tout !

keiraorange

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Commentaires
L
Très juste, je corrige ça à l'occasion. :p
M
Bon texte effectivement, par contre "Loser" ne prend qu'un seul O...
Y
Tes textes sont toujours autant impressionnant, il doit encore me rester quelque frisson :3 (<-- spécial dédicace)
Tic-tac mécanique
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