Avec une goutte de vodka
L’herbe, blonde et souple, me chatouille les cuisses sans
retenue ni pudeur alors que je passe dans le pré. Me mettre en jupe était une
provocation, je l’admets, alors je fais semblant de ne rien ressentir, comme
les trois quarts du temps finalement. Il m’est difficile de ne pas rabattre le
tissu sur mes jambes lorsque le vent le soulève pendant que je marche, tout
comme me déplacer sans regarder à terre pour faire attention à ne pas trébucher
sur un obstacle quelconque. Je finis par m’affaler, comme si j’étais épuisée
après une si courte distance parcourue ; j’ai envie de pleurer, sans
m’arrêter, la brise faisant dodeliner les épis pour seul témoin. Parfois le
décor ne va pas avec l’enveloppe, et cette dernière n’est pas en accord avec la
pensée. La passion se moque bien de la raison. Le désir du corps n’est pas
nécessairement celui du cœur, bien souvent un désaccord conduit au désarroi,
charnel ou spirituel. Le beau temps inspire des envies de bien être et de
légèreté, pas uniquement concernant ce qui couvre la chair. J’aimerais pouvoir
exposer mon esprit aux doux rayons du matin, allongé à mes côtés. Une
insolation légère le rendrait plus docile et plus aisément compréhensible.